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paix ; il fit des propositions, demanda des ôtages et retarda l’attaque de plusieurs heures, durant lesquelles les Romains restaient exposés, après une marche précipitée, à la faim, à la soif et aux rayons d’un soleil insupportable. L’empereur consentit à envoyer un ambassadeur au camp des Goths, et on applaudit au zèle de Richomer, qui seul eut le courage d’accepter cette dangereuse commission. Le comte des domestiques, décoré des marques de sa dignité, était déjà en chemin quand il fut rappelé précipitamment par l’alerte de la bataille. Bacurius l’Ibérien, qui commandait un corps d’archers et de cuirassiers, avait imprudemment commencé l’attaque, et comme ils s’étaient avancés en désordre, ils prirent honteusement la fuite et furent fort maltraités. En ce moment, les rapides escadrons de Saphrax et d’Alathéus, attendus avec tant d’impatience par le général des Goths, descendirent, comme un tourbillon, des montagnes voisines, traversèrent la plaine et appuyèrent la charge tumultueuse, mais irrésistible, de l’armée barbare. [Défaite des Romains.]L’événement de la bataille d’Adrianople, si fatale à l’empereur et à l’empire, peut être rapporté en peu de mots. La cavalerie des Romains prit la fuite ; l’infanterie fut abandonnée, entourée et taillée en pièces. Les plus savantes évolutions et la valeur la plus ferme suffisent rarement pour sauver un corps d’infanterie environné dans une plaine par une cavalerie supérieure en nombre. Mais les troupes de Valens, serrées par les ennemis, affaiblies encore par la frayeur, se trouvaient entassées sur un terrain