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avant que la diligence de son collègue ne vînt usurper une partie de la gloire qu’il se promettait.

Bataille d’Adrianople. A. D. 378. 9 Août.

Le 9 du mois d’août, jour qui a dû être marqué au nombre des plus funestes sur le calendrier des Romains[1], l’empereur Valens, après avoir laissé sous une forte garde son bagage et son trésor militaire, partit d’Adrianople pour attaquer les Goths campés à douze milles de ses murs[2]. Par quelque méprise d’ordre ou faute de connaître suffisamment le terrain, l’aile droite, formée par la colonne de cavalerie, se trouva en vue de l’ennemi, tandis que la gauche en était encore considérablement éloignée. Les soldats, malgré la brûlante chaleur de l’été, furent obligés de précipiter leur marche, et la ligne de bataille se forma avec lenteur, confusion, et d’une manière irrégulière. La cavalerie des Goths fourrageait dans les environs, et Fritigern, pour lui donner le temps d’arriver, eut recours à ses artifices ordinaires. Il envoya plusieurs officiers porter des paroles de

  1. Ammien (XXXI, 12, 13) est presque le seul qui parle des conseils et des événemens qui furent terminés par la funeste bataille d’Adrianople. Nous avons critiqué les défauts de son style, le désordre et l’obscurité de ses narrations ; mais au moment de perdre le secours de cet historien impartial, nos reproches sont arrêtés par le regret que nous cause cette perte difficile à réparer.
  2. La différence des huit milles d’Ammien aux douze milles d’Idatiusius ne peut embarrasser que ces critiques (Valois, ad loc.) qui regardent une grande armée comme un point mathématique qui n’a ni espace ni dimensions.