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comme un présage certain de ses triomphes sur les Goths[1].

Valens marche contre les Goths. A. D. 378, 30 mai, 11 juin.

Tandis que Gratien jouissait des justes applaudissemens de ses sujets, Valens, qui avait enfin quitté Antioche, suivi de sa cour et de son armée, fut reçu à Constantinople comme l’auteur des calamités publiques. À peine s’était-il reposé dix jours dans cette capitale, que les clameurs séditieuses de l’hyppodrome le pressèrent de marcher contre les Barbares qu’il avait appelés dans ses états. Les citoyens, toujours braves loin du danger, déclaraient avec confiance que si on voulait leur donner des armes, ils entreprendraient seuls de délivrer les provinces d’un insolent ennemi[2]. L’arrogante présomption d’une multitude ignorante hâta la chute de l’empire. Valens qui ne se sentait ni dans sa réputation ni en lui-même de quoi soutenir le mépris public, fut poussé par le désespoir dans l’imprudence, et les succès de ses lieutenans lui persuadèrent qu’il triompherait facilement des Goths, réunis par les soins de Fritigern dans les environs d’Adrianople. Le vaillant Frigerid avait coupé le chemin aux Taifales ; le roi de ces Barbares débauchés avait été tué sur le champ de

  1. L’Épitome de Victor, la Chronique de saint Jérôme, et l’histoire d’Orose (l. VII, c. 333, p. 552, éd. Havercamp.), peuvent ajouter quelques détails au récit impartial et plein de faits, donné par Ammien (XXXI,10).
  2. Moratus paucissimos dies, seditione popularium levium pulsus. (Ammien, XXXI, 11.) Socrate (l. IV, c. 38) ajoute les dates et quelques circonstances.