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nelle, les officiers civils et militaires de l’empire offrirent unanimement, pour la seconde fois, le diadème à Salluste, qui eut encore la gloire de le refuser ; et lorsque, pour rendre hommage aux vertus du père, on proposa de nommer son fils, le préfet déclara aux électeurs, avec la fermeté d’un citoyen zélé, que le grand âge de l’un et la jeunesse sans expérience de l’autre étaient également incapables des travaux pénibles du gouvernement. On proposa plusieurs prétendans que firent rejeter successivement différentes objections tirées de leur caractère et de leur situation. [Élection et caractère de Valentinien.]Mais à peine eut-on prononcé le nom de Valentinien, que le mérite reconnu de cet officier réunit en sa faveur tous les suffrages que confirma la sincère approbation de Salluste lui-même. Valentinien[1] était fils du comte Gratien, né à Cibalis en Pannonie, qui, par sa force extraordinaire et par son adresse, était parvenu d’un état obscur au commandement militaire de l’Afrique et de la Bretagne, d’où il s’était retiré avec une immense fortune et une probité fort suspecte. Le rang et les services de Gratien avaient contribué cependant à faciliter à son fils les premiers pas vers la fortune, et lui avaient pro-

    général Arinthæus, à Dagalaiphus, comte des domestiques, et au patricien Datianus, dont les pressantes recommandations eurent, de la ville d’Ancyre où ils étaient, une grande influence sur l’élection.

  1. Ammien, XXX, 7-9, et Victor le jeune, ont donné le portrait de Valentinien, qui précède naturellement et éclaircit l’histoire de son règne.