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oiseaux de proie, souvent appelés, dans ce siècle, à la joie d’un pareil festin. Plusieurs années après, les ossemens blanchis et dépouillés qui couvraient encore la plaine, présentèrent aux yeux d’Ammien un effroyable monument de la bataille de Salices[1].

Union des Goths avec les Huns et avec les Alains.

L’événement douteux de cette sanglante journée arrêta les progrès des Goths, et les généraux de l’empire, dont l’armée aurait été anéantie par la répétition d’une bataille si meurtrière, conçurent le projet plus raisonnable d’accabler les Barbares sous les besoins et le poids de leur propre multitude. Ils se préparèrent à les enfermer dans un coin de terre étroit, entre le Danube, les déserts de la Scythie et les montagnes d’Hæmus, jusqu’à ce que l’inévitable disette de subsistances eût épuisé leurs forces et leur courage. Ce projet fut conduit avec assez de prudence et de succès. Les Barbares avaient consumé presque tous leurs magasins et les moissons du pays ; les fortifications des Romains s’avançaient et se resserraient par les soins de Saturnin, maître général de la cavalerie ; mais une nouvelle alarmante vint interrompre ses travaux : il apprit que de nouveaux

  1. Indicant nunc usque albentes ossibus campi. (Ammien, XXXI, 7.) L’historien peut avoir traversé ces plaines comme soldat ou comme voyageur ; mais sa modestie a supprimé les aventures qui lui sont arrivées personnellement depuis les guerres de Constance et de Julien contre les Persans. Nous ignorons dans quel temps il quitta le service et se retira à Rome, où il paraît qu’il a composé l’histoire de son siècle.