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l’exécution n’en était pas facile : des pluies continuelles avaient prodigieusement augmenté le cours du Danube, dont la largeur s’étend, en cet endroit, à plus d’un mille[1] ; et dans ce passage tumultueux, un grand nombre d’individus périrent, emportés par la violence du courant. Une foule de vaisseaux, de bateaux et de canots, passaient et repassaient nuit et jour d’un rivage à l’autre, et les officiers de Valens veillèrent, avec le soin le plus actif, à ce qu’il ne demeurât pas sur l’autre rive un seul de ces Barbares destinés à renverser l’Empire romain jusque dans ses fondemens. On essaya de prendre une liste exacte du nombre des émigrans ; mais ceux qui en furent chargés renoncèrent avec effroi à cette impraticable et interminable entreprise[2] ; et le

    (XXI, 3,4) ; Zosime (l. IV, p. 223, 224) ; Eunape (in Excerpt. legat., p. 19, 20) ; et Jornandès (c. 25, 26). Ammien déclare (c. 5) qu’il n’entend seulement que ipsas rerum digerere summitates ; mais il se trompe souvent sur leur importance, et son inutile prolixité est désagréablement balancée par une concision mal placée.

  1. Chishull, voyageur attentif, a observé la largeur du Danube, qu’il traversa au sud de Bucharest, près le confluent de l’Argish (p. 77) ; il admire la beauté et la fertilité naturelle de la Mœsie et de la Bulgarie.
  2. Quem qui scire velit, Libyci velit æquoris idem
    Discere quàm multæ zephyro turbentur arenæ.

    Ammien a inséré dans sa prose ces vers de Virgile (Georg., l. II), destinés originairement par le poète à exprimer l’impossibilité de calculer les différentes sortes de vins. (Voyez Pline, Hist. nat., l. XIV.)