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On leur assignait une origine digne de leur figure et de leurs manières. Les sorcières de la Scythie ayant été, dit-on, bannies de la société des hommes pour leurs forfaits, s’étaient accouplées dans les déserts avec les esprits infernaux, et les Huns avaient été le fruit de ces exécrables amours[1]. Cette fable horrible et absurde fut avidement adoptée par la haine crédule des Goths ; mais, en satisfaisant leur haine, elle augmenta leur terreur. Il était en effet bien naturel de supposer que les descendans des sorcières et des démons devaient hériter en partie de la puissance surnaturelle aussi-bien que de la méchanceté de leurs ancêtres malfaisans. Hermanric se préparait à réunir toutes les forces de son royaume contre ses ennemis ; mais il découvrit bientôt que les tribus de ses vassaux, fatiguées de l’état d’oppression où il les tenait, étaient plus disposées à seconder qu’à repousser l’invasion des Huns. Un des chefs des Roxolans[2] avait déserté précédemment les drapeaux

    stipites dolantur incompti. (Ammien, XXXI, 1). Jornandès (c. 24) fait une caricature frappante de la figure d’un Calmouck. Species pavendâ nigredine… quædam deformis ossa non facies ; habensque magis puncta quàm lumina. (Voyez Buffon, Hist. natur. t. III, p. 380.)

  1. Cette exécrable origine, que Jornandès décrit avec la rancune d’un Goth, peut avoir été tirée primitivement d’une fable grecque beaucoup plus agréable. (Hérod., l. IV, c. 9, etc.)
  2. Les Roxolans peuvent être les ancêtres des Russes (d’Anville, Empire de Russie, p. 1-10), dont la résidence (A. D. 862) aux environs de Novogorod-Veliki, ne peut