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combattirent, sur les bords du Tanaïs, avec une valeur égale, mais avec un succès différent. Les Huns l’emportèrent ; le roi des Alains perdit la vie, et les restes de la nation vaincue réduits à l’alternative ordinaire de la fuite ou de la soumission, se dispersèrent en divers lieux[1]. Une colonie de ces exilés trouva un refuge dans les montagnes du Caucase, entre le Pont-Euxin et la mer Caspienne, où ils conservent encore leur nom et leur indépendance. Une autre colonie s’avança avec intrépidité jusqu’à la mer Baltique, s’associa aux tribus septentrionales de l’Allemagne, et partagea le butin fait dans la Gaule et dans l’Espagne sur les sujets de l’empire ; mais la plus nombreuse partie des Alains accepta une alliance honorable et avantageuse avec ses vainqueurs ; et les Huns, qui estimaient la valeur de leurs ennemis vaincus, s’avancèrent avec leurs forces réunies vers les frontières de l’empire des Goths.

Leurs victoires sur les Goths. A. D. 375.

Le grand Hermanric, dont les états s’étendaient depuis la mer Baltique jusqu’au Pont-Euxin, jouissait, sur la fin de sa vie, du fruit de ses victoires et d’une brillante réputation, quand il fut alarmé par

    qui in prœlio profuderit animam : senescentes etiam et fortuitis mortibus mundo digressos, ut degeneres et ignavos conviciis atrocibus insectantur. Nous devons nous faire une grande opinion des vainqueurs de pareils hommes.

  1. Relativement aux Alains, voyez Ammien (XXXI, 2) ; Jornandès (De rebus geticis, c. 24) ; M. de Guignes (Hist. des Huns, t. II, p. 279) ; et l’Hist. généalog. des Tart. (t. II, p. 617.)