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le Volga ; mais leurs noms et leurs mœurs s’étendaient à toutes leurs conquêtes ; et les tribus des Agathirses et des Gélons, remarquables par leur coutume de se peindre le corps, étaient du nombre de leurs vassaux. Ils avaient pénétré au nord, dans les régions glacées de la Sibérie, parmi des sauvages dont la rage ou la faim se nourrit de chair humaine ; et au sud, ils poussaient leurs incursions jusqu’aux frontières de la Perse et de l’Inde. Le mélange des races sarmates et germaines avait un peu contribué à rectifier les traits des Alains, à blanchir leur peau basanée, à teindre leur chevelure d’une couleur plus claire, qu’il est rare de rencontrer chez les Tartares. Moins difformes et moins sauvages que les Huns, mais non moins redoutables, ils ne leur cédaient point pour la valeur et pour l’amour de la liberté, et rejetèrent toujours l’usage de l’esclavage domestique. Passionnés pour la guerre, les Alains regardaient le pillage et les combats comme la gloire et la félicité du genre humain. Un cimeterre nu, fiché en terre, était le seul objet de leur culte religieux. Les ornemens dont ils caparaçonnaient leurs chevaux, chèrement achetés au prix de leur sang, étaient composés des crânes de leurs ennemis, et ils regardaient avec pitié les guerriers pusillanimes qui attendaient patiemment la mort des infirmités de l’âge ou des douleurs d’une longue maladie[1]. Les Huns et les Alains

  1. Utque hominibus quietis et placidis otium est voluptabile, ita illos pericula juvant et bella. Judicatur ibi beatus