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d’habiter sur les frontières de la province de Shansee et du territoire d’Ortous, et leur en confia la garde ; mais les tribus les plus puissantes et les plus belliqueuses des Huns conservèrent dans leurs revers le courage indépendant de leurs ancêtres. L’Occident tout entier était ouvert à leur valeur, et ils résolurent d’y chercher et d’y conquérir, sous la conduite de leurs chefs héréditaires, un pays éloigné qui pût demeurer inaccessible aux armes des Sienpi et aux lois de la Chine[1]. Ils passèrent bientôt les montagnes de l’Imaüs et les bornes de la géographie des Chinois ; mais nous pouvons distinguer les deux principales troupes de ces formidables exilés, qui dirigèrent leur marche, l’une vers l’Oxus, et l’autre vers le Volga. [Les Huns blancs de la Sogdiane.]La première de ces colonies s’établit dans les plaines vastes et fertiles de la Sogdiane, sur la rive orientale de la mer Caspienne, où ils conservèrent le nom de Huns, avec le surnom d’Euthalites ou Nephtalites. Leurs mœurs, et jusqu’aux traits de leur visage, s’adoucirent insensiblement sous un climat tempéré et dans une province[2]

  1. M. de Guignes a suivi habilement les traces des Huns à travers les vastes déserts de la Tartarie (tom. II, p. 123, 277 et 325, etc.).
  2. Mohammed, sultan de Carizme, régnait dans la Sogdiane lorsqu’elle fut envahie (A. D. 1218) par Gengis-khan et ses Mongouls. Les écrivains orientaux (voyez d’Herbelot, Petis de La Croix, etc.) célèbrent les villes florissantes qu’il dépeupla, et les pays fertiles qu’il ravagea. Dans le siècle suivant, Abulféda (Hudson, Geogr. min., t. III) a décrit