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combats sanglans, contribua moins à détruire la puissance des Huns que la politique adroite dont Vouti fit usage pour détacher de leur obéissance les nations tributaires. [Avant Jésus-Christ. 70]Intimidées par les armées de l’empereur chinois, ou séduites par ses promesses, elles rejetèrent l’autorité du Tanjou : quelques unes se reconnurent alliées ou vassales de l’empire ; toutes devinrent les plus implacables ennemies des Huns ; et dès que ces orgueilleux Barbares se trouvèrent réduits à leurs propres forces, leur grandeur disparut, et leur nombre aurait à peine suffi pour peupler une grande ville de l’empire des Chinois[1]. La désertion de ses sujets et les embarras d’une guerre civile obligèrent le Tanjou à renoncer lui-même au titre de souverain indépendant, et à assujettir la liberté d’une nation fière et guerrière. [Avant Jésus-Christ. 51.]Il fut reçu à Sigan, alors capitale de la monarchie, par les troupes, les mandarins et l’empereur lui-même, avec tous les honneurs que la vanité chinoise fut capable d’inventer pour orner et déguiser son triomphe[2]. On le logea dans un palais magnifique ; il eut le pas avant

  1. On trouve cette expression dans le Mémoire présenté à l’empereur Vouti. (Du Halde, t. IV, p. 417.) Sans adopter les exagérations de Marc-Paul et d’Isaac Vossius, nous pouvons raisonnablement supposer que Pékin renferme deux millions d’habitans. Les villes du sud, où sont placées les manufactures de la Chine, ont une population encore supérieure.
  2. Voyez le Kang-Mou (t. III, p. 150), et la suite des événemens, chacun dans leur année particulière. Cette fête