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nastie des Han, humilièrent leur orgueil et arrêtèrent leurs progrès. [Avant Jésus-Christ. 146-87.]Durant son long règne de cinquante-quatre ans, les Barbares des provinces méridionales se soumirent aux lois des Chinois ; ils adoptèrent leurs mœurs, et les anciennes limites de l’empire qui se terminaient à la grande rivière de Kiang, s’étendirent jusqu’au port de Canton. Au lieu de se borner aux timides opérations d’une guerre défensive, ses lieutenans pénétrèrent jusqu’à plusieurs centaines de milles dans le pays des Huns. Dans ces vastes déserts, où il était impossible de former des magasins, et difficile de transporter une quantité de provisions suffisante, les armées de Vouti eurent souvent à souffrir des maux intolérables. De cent quarante mille soldats avec lesquels les généraux chinois étaient entrés en campagne, ils n’en ramenèrent que trente mille sains et saufs aux pieds de leur empereur ; mais cette perte avait été compensée par des succès brillans et décisifs. Ils avaient profité habilement de la supériorité que leur donnaient la nature de leurs chariots de guerre et le secours des Tartares auxiliaires. Le camp du Tanjou fut surpris au milieu de la nuit et d’une débauche. Le monarque des Huns s’ouvrit courageusement un chemin au milieu des ennemis ; mais il laissa quinze mille des siens sur le champ de bataille. Cependant cette grande victoire, précédée et suivie de plusieurs

    Mou (tom. III, p. 1-98). Son caractère inconstant et inconséquent paraît être peint avec impartialité.