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ni le titre de roi, on ne pourrait leur reprocher aucun manquement à la foi publique. Mais ils se repentirent bientôt de leur imprudence : le monarque persan éclata en reproches et en menaces, et le caractère cruel et inconstant de Para lui-même, leur donna de grands sujets de méfiance. Il sacrifiait au moindre soupçon la vie de ses plus fidèles domestiques, et entretenait secrètement une honteuse correspondance avec l’assassin de son père et l’ennemi de son pays. Sous le prétexte de se consulter avec l’empereur sur leurs intérêts communs, Para se laissa persuader de descendre les montagnes d’Arménie, où son parti était en armes, et de mettre son destin et sa vie à la discrétion d’une cour perfide. Les gouverneurs des provinces qu’il traversa le reçurent, à son passage, avec les honneurs dus au roi d’Arménie, tel qu’il l’était réellement à ses propres yeux et dans l’opinion de ses compatriotes ; mais lorsqu’il fut arrivé à Tarse en Cilicie, on arrêta sa marche sous différens prétextes. On veillait sur toutes ses démarches avec une respectueuse vigilance. Enfin il s’aperçut qu’il était le prisonnier des Romains. Dissimulant avec soin ses craintes et son indignation, il prépara secrètement sa fuite, et partit accompagné d’un corps de trois cents hommes de sa cavalerie. L’officier de garde à la porte de son appartement avertit sur-le-champ de son évasion le consulaire de la Cilicie, qui l’atteignit dans le faubourg, et lui représenta inutilement l’imprudence et le danger de son entreprise. On envoya une légion à sa poursuite ;