Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.

attendant toujours, avec une patience exemplaire, qu’ils lui eussent incontestablement donné le droit de se venger par une victoire honorable et légitime. Cependant ces apparences de guerre se tournèrent insensiblement en de longues et vaines négociations. Les Romains et les Persans s’accusèrent mutuellement d’ambition et de perfidie ; et il y a lieu de croire que le traité avait été rédigé d’une manière bien obscure, puisqu’on fut obligé d’en appeler au témoignage partial de ceux des généraux des deux partis qui avaient assisté aux négociations[1]. L’invasion des Huns et des Goths, qui ébranlèrent, peu de temps après, les fondemens de l’Empire romain, exposa les provinces d’Asie aux entreprises de Sapor ; mais la vieillesse du monarque et peut-être ses infirmités lui firent enfin adopter des maximes plus pacifiques et plus modérées. [A. D. 380.]Il mourut après un règne de soixante-dix ans, et tout changea à la cour et dans les conseils. Les Persans se trouvèrent probablement assez occupés par leurs divisions intestines et par la guerre éloignée de Caramanie[2]. Le sou-

  1. Ammien (XXVII, 12 ; XXIX, 1 ; XXX, 1, 2) a rapporté les événemens de la guerre de Perse, sans donner aucune date. Moïse de Chorène (Hist. d’Arm., l. III, c. 28, p. 261 ; c. 31, p. 266 ; c. 35, p. 271) ajoute quelques faits ; mais il n’est pas facile de distinguer la vérité noyée dans les fables.
  2. Artaxercès fut le successeur du grand Sapor. Il était son frère (cousin-germain) et tuteur de son fils Sapor III. (Agathias, l. IV, p. 136, éd. Louvre.) Voyez l’Hist. univ., vol. XI, p. 86, 161. Les auteurs de cet ouvrage ont compilé