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dans cette forteresse tentait l’avarice du Persan ; mais Olympias, femme ou veuve du roi d’Arménie, excitait la compassion publique, et animait jusqu’au désespoir la valeur des citoyens et des soldats. Les Persans furent surpris et repoussés sous les murs d’Artogerasse, dans une sortie audacieuse et bien concertée ; mais les troupes de Sapor se renouvelaient et s’augmentaient sans cesse ; la garnison épuisée perdait courage ; un assaut emporta la place, et l’orgueilleux vainqueur, après avoir détruit la ville par le fer et par la flamme, emmena captive une reine infortunée, qui, dans des temps plus heureux, avait été destinée à épouser le fils de Constantin[1]. Mais Sapor s’était trop tôt flatté de la conquête de deux royaumes subordonnés ; il eut bientôt lieu d’apercevoir qu’une conquête est toujours mal assurée quand les sentimens de la haine et de la vengeance restent dans le cœur des citoyens. Les Satrapes qu’il était forcé d’employer, saisirent la première occasion de regagner la confiance de leurs compatriotes, et de signaler leur haine implacable pour les Persans. Les Arméniens et les Ibériens, depuis leur conversion, regardaient les chrétiens comme les favoris de l’Être suprême, et les mages comme ses ennemis. L’influence qu’exerçait le clergé sur des peuples superstitieux fut constamment employée en faveur des Romains.

  1. Tillemont (Hist. des emper., t. V, p. 701) prouve, par la chronologie, qu’Olympias doit avoir été la mère de Para.