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lère de Dioclétien ou à obtenir la faveur de Constantin, pouvaient avancer, avec la confiance que donne la vérité, qu’ils regardaient l’obéissance passive comme un devoir, et que pendant trois siècles leur conduite avait été conforme à leurs principes. Ils pouvaient ajouter que le trône des Césars deviendrait inébranlable, si tous leurs sujets, en recevant la foi chrétienne, apprenaient à souffrir ainsi qu’à obéir.

Droit divin de Constantin.

Dans l’ordre habituel de la Providence, les princes et les tyrans sont considérés comme les ministres du ciel, chargés par lui de conduire ou de châtier les nations ; mais l’histoire sacrée prouve, par un grand nombre d’exemples fameux, que la Divinité a souvent interposé son autorité d’une manière plus immédiate en faveur de son peuple chéri. Elle a remis le sceptre et l’épée dans les mains de Moïse, de Josué, de Gédéon, de David et des Machabées ; les vertus de ces héros furent ou le motif ou l’effet de la faveur divine. Leurs victoires avaient pour objet d’accomplir la délivrance ou le triomphe de l’Église. Si les juges d’Israël étaient des magistrats passagers, les rois de Juda tiraient de l’onction royale de leur grand aïeul un droit héréditaire et indélébile, qui ne pouvait être effacé ni par leurs propres vices ni par le caprice de leurs sujets. Cette même Providence extraordinaire, qui n’était plus circonscrite dans les limites étroites de la Judée pouvait choisir Constantin et sa famille pour les protecteurs du monde chrétien, et le dévot Lactance annonce