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sulter régulièrement les aruspices[1]. Incertains dans l’attente de cette importante révolution, les chrétiens et les païens examinaient la conduite de Constantin avec une égale anxiété, mais avec des dispositions bien différentes ; les uns, par zèle et par vanité, exagéraient les marques qu’ils recevaient de sa faveur et les témoignages de sa foi ; les autres au contraire, jusqu’au moment où leurs craintes se changèrent en désespoir et en ressentiment, tâchèrent de cacher au public, et de se dissimuler à eux-mêmes que les dieux de Rome ne pouvaient plus compter le chef de l’empire au nombre de leurs adorateurs. Conduits par des passions et des préjugés de la même nature, les écrivains du temps, suivant le parti qu’ils suivaient, ont fixé la profession de foi de Constantin à la plus brillante ou à la plus honteuse époque de son règne.

Superstition païenne de Constantin.

Quelques indices que les discours ou les actions de Constantin aient pu donner de sa piété chrétienne, il n’en persévéra pas moins jusqu’à l’âge d’environ quarante ans, dans la pratique de l’ancienne religion[2] ; et la conduite qui, dans la cour

    tit. 12, leg. 3. Constantin appelle le jour du Seigneur dies Solis. Ce nom ne pouvait pas blesser l’oreille de ses sujets païens.

  1. Cod. Theod., l. XVI, tit. 10, leg. I. Godefroy, en qualité de commentateur, tâche (tom. VI, p. 257) d’excuser Constantin ; mais Baronius, plus zélé (Annal. ecclesiast., A. D. 321, no 18), blâme avec justice et sévérité cette conduite profane.
  2. Théodoret (l. I, c. 18) insinue qu’Hélène fit élever