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rentes autorités. Selon la rigueur du langage ecclésiastique, le premier des empereurs chrétiens ne mérita ce nom qu’au moment de sa mort, puisque ce fut dans sa dernière maladie que, comme cathécumène, il reçut l’imposition des mains[1], et qu’on l’admit ensuite au nombre des fidèles par la cérémonie initiatoire du baptême[2]. Le christianisme de Constantin doit être pris dans un sens plus vague et moins rigoureux ; et l’on a besoin de la plus sévère attention pour suivre le fil des gradations lentes et presque imperceptibles qui ont conduit le monarque à se déclarer le protecteur, et enfin le prosélyte de l’Église. Il lui fallut du temps pour renoncer aux

  1. On observait toujours cette cérémonie en faisant un catéchumène. Voyez les Antiquités de Bingham, l. X, c. 1, p. 419 ; Dom Chardon, Hist. des Sacremens, t. I, p. 62 ; et Constantin s’y soumit pour la première fois, immédiatement avant son baptême et sa mort. Euseb., in vit. Constant., l. VI, c. 61. D’après la liaison de ces deux faits, Valois (ad loc. Euseb.) tire une conclusion que Tillemont admet avec répugnance (Hist. des Emper., t. IV, p. 628) ; et Mosheim la réfute par des argumens très-faibles, p. 968.
  2. Euseb., in vit. Constant., l. IV, c. 61, 62, 63. La légende du baptême de Constantin à Rome, treize ans avant sa mort, a été fabriquée dans le huitième siècle, pour servir de motif à sa donation. Tel a été le progrès graduel des lumières, qu’une histoire, que le cardinal Baronius n’a pas eu honte d’affirmer (Annal. eccles., A. D. 324, nos 43-49), passe aujourd’hui pour peu certaine, même dans l’enceinte du Vatican. Voyez les Antiquités chrétiennes, t. II, p. 232. Cet ouvrage a été publié à Rome avec six approbations dans l’année 1751, par le père Mamachi, savant dominicain.