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soumis à la juste mais humiliante condition de préparer et de transporter les matériaux. Le zèle actif de Julien pressa l’ouvrage ; et tel était l’esprit qu’il avait répandu parmi ses troupes, que les auxiliaires, renonçant à l’exemption des travaux, disputaient d’activité avec les soldats romains, pour l’exécution des services les plus pénibles. Les soins du jeune César ne se bornèrent point à la sûreté des peuples et des garnisons, il fallut encore pourvoir à leur subsistance. La désertion des uns, et la révolte des autres, auraient été la suite funeste et inévitable d’une famine. La culture des provinces gauloises avait été interrompue par les calamités de la guerre ; mais les soins paternels de Julien firent suppléer l’abondance de l’île voisine à la disette du continent. Six cents barques, construites dans la forêt des Ardennes, revinrent plusieurs fois des côtes de la Grande-Bretagne chargées de grains, et remontant le Rhin, distribuèrent leur cargaison dans les villes et les forteresses situées sur ses rives[1]. Les victoires de Julien rendaient à la navigation la sûreté que Constance avait

    violemment l’excessive délicatesse de Boileau. Voyez d’Anville, Notice de l’ancienne Gaule, p. 183 ; Boileau, épît. IV, et les notes.

  1. Nous pouvons en croire Julien lui-même, orat. ad S. P. Q. Athen., p. 280. Il fait un récit très-circonstancié de cette expédition. Zosime ajoute deux cents vaisseaux de plus, l. III, p. 145. En évaluant le port de chacun des six cents vaisseaux de Julien à soixante-dix tonnes, ils pouvaient exporter cent vingt mille quarters. Voyez les Poids et Mesures d’Arbuthnot, p. 237. Le pays qui pouvait supporter