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d’entreprendre au commencement du printemps contre le corps entier de la nation. Sa rapide diligence surprit et déconcerta l’activité des Barbares ; ordonnant à ses soldats de s’approvisionner de biscuit pour vingt jours, il vint soudainement placer son camp auprès de Tongres, tandis que les ennemis le croyaient encore à Paris dans ses quartiers d’hiver, et dans l’attente des convois qui arrivaient lentement de l’Aquitaine. Sans donner aux Francs le temps de se réunir ni de délibérer, il étendit sagement ses légions depuis Cologne jusqu’à l’Océan ; et par la terreur autant que par le succès de ses armes, il réduisit bientôt les tribus suppliantes à implorer la clémence, et à subir la loi de leur vainqueur. Les Chamaviens se retirèrent docilement dans leurs anciennes habitations au-delà du Rhin ; mais on permit aux Saliens de conserver leur nouvel établissement dans la Toxandrie, comme sujets et auxiliaires de l’Empire romain[1]. Le traité fut ratifié par des sermens solennels, et on nomma des inspecteurs pour résider parmi les Francs, et faire exécuter strictement les conditions. On rapporte une anecdote intéressante par elle-même, et qui ne dément pas le caractère que l’on donne à Julien. Il arrangea et

  1. Am., XVII, 8 ; Zos., l. III, p. 146-150. Son récit est obscurci par un mélange de fables ; et Julien, ad S. P. Q., Athen., p. 280, dit : υπεδεξαμην μεν μοιραν το‌υ Σαλιων θενο‌υς, Χαμαβο‌υς δε εξηλασα. Cette différence sert à confirmer l’opinion que les Francs Saliens obtinrent la permission de conserver leur établissement dans la Toxandrie.