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barrassantes. Le succès de ses desseins politiques et de ses opérations militaires dépendait des circonstances, et du génie de ceux auxquels il avait affaire. L’homme instruit qui manque d’expérience est souvent embarrassé dans l’application de la meilleure théorie ; mais il acquit cette science indispensable par la vigueur active de son propre génie, et par la sage expérience de Salluste, officier d’un rang distingué, qui bientôt s’attacha tendrement à un prince si digne de son amitié, et qui à la plus incorruptible intégrité, joignait le talent de faire entendre les vérités les plus sévères sans jamais blesser la délicatesse de l’oreille d’un souverain[1].

Première campagne de Julien dans les Gaules. A. D. 356.

Dès que Julien eut revêtu la pourpre à Milan, on l’envoya dans la Gaule avec une faible suite de trois cent soixante soldats. Durant l’hiver qu’il passa à Vienne dans une situation pénible et inquiétante, au milieu des ministres que Constance avait chargés de diriger la conduite de son cousin, il apprit le siége et la délivrance d’Autun : cette ville ancienne et vaste, avec des murs en ruine, et une garnison sans courage, fut sauvée par l’intrépidité de quelques vé-

  1. Nous ignorons la place qu’occupait alors cet excellent ministre, à qui Julien donna depuis la préfecture de la Gaule. L’esprit soupçonneux de l’empereur l’engagea bientôt à rappeler Salluste ; et nous avons encore un discours fait avec sensibilité, quoique d’une manière pédantesque (p. 240-252), dans lequel Julien déplore la perte d’un ami si précieux, auquel il se reconnaît redevable de sa réputation. Voyez La Bléterie, Préface de la vie de Jovien, p. 20.