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marché ou combattu depuis le matin jusqu’au soir d’un long jour de l’été, arriva le soir à Sumara, sur les bords du Tigre, environ cent milles au-dessus de Ctésiphon[1]. Le lendemain, les Barbares, au lieu de harasser la marche de Jovien, attaquèrent son camp, qui se trouvait placé dans une vallée profonde. Du haut des collines, les archers persans insultèrent et chargèrent les légionnaires fatigués ; et un corps de cavalerie qui, avec un courage forcené, s’était précipité jusque dans le prétoire, fut taillé en pièces près de la tente de l’empereur, après un combat dont l’issue avait été d’abord incertaine. Les hautes digues du fleuve protégèrent la nuit suivante le camp de Carche ; et quatre jours après la mort de Julien, l’armée romaine, quoique harcelée sans cesse par les Arabes, établit ses tentes près de la ville de Dura[2]. Elle avait toujours le Tigre à sa gauche ; elle se voyait à peu près à la fin de ses espérances et de ses vivres ; et les soldats, qui s’étaient persuadés qu’ils avaient peu de chemin à faire pour arriver aux

  1. On ignore aujourd’hui le nom des villages de l’intérieur du pays, et on ne peut dire à quel endroit fut tué Julien ; mais M. d’Anville a déterminé la position de Sumara, de Carche et de Dura, situées sur les bords du Tigre. (Voy. sa Géographie ancienne, t. II, p. 248, et l’Euphrate et le Tigre, p. 95, 97.) Au neuvième siècle, Sumère ou Sumara devint, avec un léger changement de nom, la résidence des califes de la maison d’Abbas.
  2. Dura était une ville fortifiée à l’époque des guerres d’Antiochus contre les rebelles de la Médie et de la Perse. (Polybe, V, c. 48, 52, p. 548-552, éd. de Casaubon, in-8o.)