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d’esprit abrégèrent probablement sa vie de quelques heures. Sa blessure se rouvrit et donna du sang en abondance ; le gonflement des veines embarrassa la respiration ; il demanda de l’eau froide, et dès qu’il eut cessé de boire, il expira sans douleur vers le milieu de la nuit. Ainsi mourut cet homme extraordinaire, à l’âge de trente-deux ans, après avoir régné vingt mois depuis la mort de Constance son collègue. Il déploya dans ses derniers instans, peut-être avec un peu d’ostentation, l’amour de la vertu et de la gloire qui avaient été ses passions dominantes[1].

Élection de l’empereur Jovien. A. D. 363, 27 juin.

En négligeant d’assurer, par le choix prudent et judicieux d’un collègue et d’un successeur, l’exécution future de ses projets, Julien fut en quelque sorte la cause du triomphe du christianisme et des calamités de l’empire ; mais il se trouvait le dernier de la famille royale de Constance Chlore, et s’il forma jamais sérieusement le dessein de revêtir de la pourpre le plus digne d’entre les Romains, la difficulté du choix, la jalousie du pouvoir, la crainte de l’ingratitude, et la présomption qu’inspirent la santé, la jeunesse et la fortune, éloignèrent l’effet de cette résolution. Sa mort inattendue laissa l’empire sans maître et sans

  1. La mort de Julien est racontée par le judicieux Ammien (XXV, 3), qui en fut le spectateur. Libanius, qui détourne les yeux de cette scène, nous a pourtant fourni plusieurs détails. (Orat. parental., c. 136-140, p. 359-362.) On peut maintenant garder le silence du mépris sur les calomnies répandues dans les écrits de saint Grégoire, et dans les légendes de quelques saints venus après lui.