Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/499

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ture, avouèrent le secret de la conspiration. Les conquêtes imaginaires de l’Hyrcanie et de l’Inde, qui avaient si long-temps amusé l’esprit de Julien, faisaient alors son tourment. Sentant bien que la détresse générale était le résultat de son imprudence, il balança avec inquiétude, et sans obtenir une réponse satisfaisante des dieux ou des hommes, les différentes chances de succès ou de salut qui pouvaient lui demeurer encore. Il adopta enfin le seul expédient praticable ; il résolut de se diriger vers les bords du Tigre, espérant sauver son armée par une marche forcée vers les confins de la Corduène, province fertile qui reconnaissait la souveraineté de Rome. Lorsqu’on donna aux troupes découragées le signal de la retraite, il ne s’était écoulé que soixante-dix jours depuis qu’elles avaient passé le Chaboras, [16 juin.]bien convaincues qu’elles renverseraient le trône de la Perse[1].

Retraite et détresse de l’armée romaine.

Tant que l’armée parut continuer à s’avancer dans le pays, sa marche fut harcelée par différens corps de cavalerie persane, qui, se montrant quelquefois en bandes détachées, et d’autres fois en troupes réunies, escarmouchèrent contre l’avant-garde ; mais

  1. Ammien (XXIV, 7, 8), Libanius (orat. parent., c. 134, p. 357) et Zosime (l. III, p. 183) racontent en détail, mais sans netteté, la retraite de Julien depuis les murs de Ctésiphon. Les deux derniers paraissent ignorer que leur conquérant se retirait ; et Libanius a l’absurdité de le supposer sur les bords du Tigre lorsqu’il est environné par l’armée persane.