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d’équipages de guerre, furent en partie distribuées aux troupes, et en partie réservés pour le service public. On brûla ou on jeta dans l’Euphrate les munitions inutiles, et la ruine totale de Perisabor vengea les malheurs d’Amida.

Siége de Maogamalcha.

La ville, ou plutôt la forteresse de Maogamalcha, était défendue par seize fortes tours, un fossé profond, et deux murs épais et solides construits de briques et de bitume ; il paraît qu’on l’avait élevée pour garantir la capitale de la Perse, dont elle se trouvait éloignée de onze milles. L’empereur ne voulant pas laisser une place si importante sur ses derrières, en forma sur-le-champ le siége ; il fit trois divisions de l’armée romaine. Victor, à la tête de la cavalerie, et d’un corps d’infanterie pesamment armé, eut ordre de balayer le pays jusqu’aux bords du Tigre et aux faubourgs de Ctésiphon. Julien se chargea de l’attaque ; et tandis qu’il semblait placer toute sa confiance dans les machines qu’on élevait contre les murailles, il s’occupait secrètement d’un moyen plus sûr pour introduire furtivement ses troupes dans la ville. On ouvrit les tranchées à une distance considérable, sous la direction de Nevitta et de Dagalaiphus, et on les conduisit peu à peu jusqu’au bord du fossé. On combla ce fossé en peu de temps, et par le travail infatigable des soldats, on conduisit jusque sous les murs de la ville une mine où l’on avait placé de distance en distance des poutres pour empêcher le terrain de s’ébouler. Les soldats de trois cohortes choisies traversèrent, un à un et sans bruit, cet obscur et dan-