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matières précieuses au commerce extérieur, dont il paraît toutefois que des étrangers dirigeaient seuls l’entreprise. Babylone avait été convertie en un parc royal ; mais près des ruines de l’ancienne capitale, de nouvelles villes s’étaient formées successivement, et la multiplicité des bourgs et des villages, bâtis avec des briques séchées au soleil, et cimentées avec du bitume, productions particulières au canton, annonçaient la population du pays. Sous le règne des successeurs de Cyrus, la province d’Assyrie fournissait seule, durant quatre mois de l’année, à la somptueuse abondance de la table et de la maison du grand roi. Ses chiens de l’Inde absorbaient les revenus de quatre gros villages ; on entretenait aux dépens du pays huit cents étalons et seize mille jumens pour les écuries du prince ; le tribut journalier qu’on payait au satrape, équivalait à un boisseau d’Angleterre rempli d’argent, et on peut évaluer le revenu de l’Assyrie à plus de douze cent mille livres sterling[1].

  1. L’Assyrie payait chaque jour au satrape de Perse une artaba d’argent. La proportion bien connue des poids et des mesures (voyez les laborieuses recherches de l’évêque Hooper), la pesanteur spécifique de l’or et de l’argent et la valeur de ce métal, donneront, après un calcul peu difficile, le revenu annuel que j’ai indiqué. Cependant, le grand roi ne tirait pas de l’Assyrie plus de mille talens d’Eubée ou de Tyr (deux cent cinquante-deux mille liv. st.). La comparaison de deux passages d’Hérodote (l. I, c. 192 ; l. III, c. 89-96) fait voir une différence importante entre le produit brut et le produit net du revenu de la Perse, entre les sommes payées par la province, et l’or et l’argent qui