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Mais le faible Arsace Tiranus[1], qui gouvernait l’Arménie, était encore plus loin que son père Chosroès des mâles vertus du grand Tiridate. Ce monarque pusillanime redoutait les entreprises dangereuses, et pouvait couvrir sa timide mollesse du prétexte honorable de la religion et de la reconnaissance. Il témoignait un pieux attachement pour la mémoire de Constance, qui lui avait donné en mariage Olympias, fille du préfet Ablavius ; et un roi barbare croyait pouvoir s’enorgueillir de l’alliance d’une femme élevée pour l’empereur Constans[2]. Tiranus professait le christianisme ; il régnait sur un peuple de chrétiens, et sa conscience ainsi que son intérêt lui défendaient de contribuer à une victoire qui devait achever la ruine de l’Église. L’imprudence de Julien, qui traita le roi d’Arménie comme son esclave et comme l’ennemi des dieux, irrita son esprit d’ailleurs mal disposé. Le style fier et menaçant des lettres de l’empereur[3] excita l’indignation secrète d’un

    Hutch. Artavasdes peut fournir à Marc-Antoine seize mille cavaliers armés et disciplinés à la manière des Parthes. (Plutarque, Vie de Marc-Antoine.)

  1. Moïse de Chorène (Hist. Armeniac., l. III, c. 2, p. 242) dit qu’il monta sur le trône (A. D. 354) la dix-septième année du règne de Constance.
  2. Ammien, XX, 11. Saint Athanase (t. I, p. 856) dit en termes généraux, que Constance lui donna la veuve de son frère, τοις Βαρβαροις, expression qui convenait plus à un Romain qu’à un chrétien.
  3. Ammien (XXIII, 2) emploie l’expression beaucoup