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trages, leurs rapines et leur cruauté. Julien pouvait du moins, par un plus doux châtiment, dépouiller la capitale de l’Orient des honneurs et des priviléges dont elle jouissait ; et ses courtisans, peut-être même ses sujets, auraient donné des éloges à un acte de justice qui vengeait la dignité du magistrat suprême de la république[1]. [Julien fait une satire contre Antioche.]Mais au lieu d’abuser ou de se servir de l’autorité de l’état pour venger ses injures personnelles, il se contenta d’une espèce de vengeance innocente et que peu de princes seraient en état d’employer. Des satires et des libelles l’avaient outragé ; et sous le titre de l’Ennemi de la Barbe, il écrivit une confession ironique de ses fautes et une satire amère des mœurs licencieuses et efféminées d’Antioche. Cette réponse fut exposée publiquement aux portes du palais ; et le Misopogon[2], ce singulier monument de la colère, de l’esprit, de la douceur et de l’irréflexion de Julien est arrivé jusqu’à nous. Quoiqu’il affectât de rire, il ne pouvait pardonner[3]. Il témoigna son mépris et satisfit peut--

  1. Libanius (ad Antiochen., c. 7, p. 213) rappelle à Antioche la punition récente de Césarée ; et Julien lui-même (in Misopogon, p. 355) laisse entrevoir comment Tarente expia l’insulte faite aux ambassadeurs romains.
  2. Voy. sur le Misopogon, Ammien, XXII, 14 ; Libanius, orat. parent., c. 99, page 323 ; Grégoire de Naz., orat. 4, p. 133 ; et la Chronique d’Antioche, par Jean Malala, t. II, p. 15, 16. Je dois beaucoup à la traduction et aux notes de l’abbé de La Bléterie. (Vie de Jovien, t. II, p. 1-138.)
  3. Ammien remarque avec beaucoup de justesse, que,