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[Disette de blé, et mécontentement public.]avait nui aux récoltes de la Syrie et augmenté le prix du pain dans la capitale de l’Orient en proportion de la disette du blé. Mais l’avide monopole changea bientôt la juste proportion établie par le cours naturel des choses. Au milieu de cette lutte inégale, où un parti réclame les productions de la terre comme une propriété exclusive contre un second qui veut en faire un objet de spéculation, tandis qu’un troisième les demande pour sa subsistance journalière, le bénéfice des agens intermédiaires est en entier supporté par le consommateur exposé sans défense à leur avidité. L’impatience et les inquiétudes augmentèrent encore la détresse, et la crainte de manquer produisit peu à peu une famine apparente. Lorsque les voluptueux citoyens d’Antioche se plaignirent du haut prix de la volaille et du poisson, Julien déclara qu’une ville frugale devait être satisfaite dès qu’on lui fournissait du vin, de l’huile et du pain. Il avoua toutefois qu’un souverain est obligé de pourvoir à la nourriture de son peuple ; mais dans cette vue salutaire, il adopta ensuite l’expédient dangereux et incertain de fixer la valeur du blé, qu’il

    d’environ trente-deux schellings le quarter anglais, c’est-à-dire qu’il était égal au prix moyen des soixante-quatre premières années de ce siècle. (Voy. les Tables des monnaies, des poids et des mesures d’Arbuthnot, p. 88, 89 ; Mém. de l’Acad. des inscript., t. XXVIII, p. 718-721 ; les Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, par Smith, vol. I, p. 246 de l’original ; livre que je suis fier de citer comme le livre d’un sage et de l’un de mes amis.)