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Négociation avec Sapor, roi de Perse.

Tandis que l’empereur romain et le monarque persan défendaient à trois mille milles l’un de l’autre les limites de leurs états contre les Barbares des rives du Danube et de l’Oxus, leurs confins intermédiaires étaient exposés aux vicissitudes d’une guerre languissante et d’une trêve précaire. Deux des ministres orientaux de Constance, le préfet du prétoire Musonien, dont les talens étaient flétris par la fausseté et le défaut d’intégrité, et Cassien, duc de Mésopotamie, vétéran intrépide, entamèrent secrètement une négociation avec le satrape Tamsapor[1]. Ces ouvertures de paix, traduites en langue persane, et rédigées dans le style flatteur et servile de l’Asie, furent portées dans le camp du grand Roi, qui résolut de faire savoir aux Romains, par un ambassadeur, les conditions qu’il daignait leur accorder. Narsès, qu’il revêtit de ce caractère, reçut toutes sortes d’honneurs dans le cours de son voyage depuis Antioche jusqu’à Constantinople. Arrivé à Sirmium après une longue route, il reçut sa première audience, et développa respectueusement le voile de soie qui couvrait la lettre hautaine de son souverain. Sapor, roi des rois, frère du Soleil et de la Lune (tels étaient les titres pompeux affectés par la vanité orientale), félicitait son frère Constance César de ce qu’il avait puisé de la sagesse dans l’adversité. Comme légitime succes-

    rangue prononcée par Constance lui-même, il célèbre ses propres exploits avec beaucoup d’orgueil et quelque vérité.

  1. Ammien, XVI, 9.