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grecque. Il censure gravement le délit qu’ils ont commis contre les lois de la justice et de l’humanité ; mais il récapitule avec une complaisance marquée les intolérables outrages qu’ils ont endurés si long-temps sous la tyrannie sacrilège de George de Cappadoce. Il admet le principe, qu’un gouvernement sage et ferme doit châtier l’insolence du peuple ; toutefois, en considération d’Alexandre fondateur de la ville et de Sérapis sa divinité tutélaire, il pardonne entièrement et avec bonté à ces coupables habitans pour lesquels il conserve l’affection d’un frère[1].

Rétablissement de S. Athanase. A. D. 362, 21 févr.

Lorsque l’émeute d’Alexandrie fut apaisée, Athanase remonta, au milieu des acclamations publiques, sur le trône d’où son indigne compétiteur avait été précipité ; et comme la prudence tempérait le zèle de l’archevêque, il eut soin de faire servir son autorité, non à continuer d’enflammer, mais à calmer le peuple. Sa vigilance pastorale ne se borna pas à l’enceinte étroite de l’Égypte. Son esprit vaste et actif embrassait le monde chrétien, et son âge, son mérite et sa réputation lui permirent d’exercer, dans un moment de danger, l’emploi de dictateur de l’Église[2]. Trois ans ne s’étaient pas encore écoulés

  1. Julien, Épit. X. Il permit à ses amis d’adoucir sa colère. (Ammien, XXII, 11.)
  2. Voyez saint Athanase, ad Rufin., t. II, p. 40, 41 ; et saint Greg. de Naz., orat. 3, p. 395, 396, qui regarde avec raison le zèle tempéré du primat comme beaucoup plus