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d’Antioche avait pris, depuis l’établissement du christianisme, une direction différente. Au lieu des hécatombes de bœufs gras, sacrifiés par les diverses familles d’une ville opulente à la divinité tutélaire de l’endroit, il se plaint de n’avoir trouvé qu’une oie, fournie par un prêtre, pâle et solitaire habitant de ce temple tombé en ruines[1]. L’autel était abandonné, l’oracle ne parlait plus, et les cérémonies funéraires du christianisme profanaient cette terre sacrée. Le corps de saint Babylas[2] (évêque d’Antioche, qui mourut en prison lors de la persécution de Dèce), après avoir reposé près d’un siècle dans son tombeau, avait été transporté au milieu du bocage de Daphné, par l’ordre de César Gallus. On y avait élevé une magnifique église ; une portion des terres sacrées avait été appliquée à l’entretien du clergé et aux funérailles des chrétiens d’Antioche, jaloux de reposer aux pieds de leur évêque ; les prêtres d’Apollon s’étaient retirés, avec leurs sectaires, remplis d’indignation et d’effroi. Lorsqu’une autre révolution sem-

  1. Julien (Misopogon, p. 361, 362.) montre son caractère avec cette véritable naïveté, cette simplicité sans apprêts qui tient au naturel de l’homme.
  2. Saint Babylas est nommé par Eusèbe dans la liste des évêques d’Antioche. (Hist. ecclés., l. VI, c. 29, 30.) Saint Chrysostôme (t. II, p. 536-579, édit. de Montfaucon) célèbre les triomphes qu’il remporta sur deux empereurs, et dont le premier est fabuleux. Tillemont (Mém. ecclésiast., t. III, part. 2, p. 287, 302, 459, 465) devient presque un sceptique.