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de son maître sans adopter ses préjugés, a raconté dans l’histoire judicieuse et pleine de candeur qu’il nous a donnée de son temps, les obstacles extraordinaires qui arrêtèrent le rétablissement du temple de Jérusalem. « Tandis qu’Alypius, dit-il, aidé du gouverneur de la province, pressait les travaux avec ardeur, de redoutables globes de feu sortirent du milieu des fondemens ; ils éclatèrent fréquemment sur les ouvriers ; ils les blessèrent, ils leur rendirent quelquefois le terrain inaccessible ; et ce feu vainqueur continuant à s’élancer avec opiniâtreté sur les travailleurs, comme s’il eût été résolu à les éloigner, on abandonna l’entreprise. » Une pareille autorité devrait satisfaire le croyant et étonner l’incrédule ; mais le philosophe demandera de plus le témoignage authentique d’un spectateur intelligent et impartial. Au milieu de cette crise importante, tout phénomène singulier de la nature prenait l’apparence et produisait les effets d’un véritable prodige[1]. Le

    pius, juvaretque provinciæ rector, metuendi globi flammarum, prope fundamenta crebris assultibus erumpentes fecêre locum crustis aliquoties operantibus inaccessum, hocque modo elemento destinatius repellente, cessavit inceptum. Warburton s’efforce (p. 60-90) d’arracher un aveu du miracle de la bouche de Julien et de celle de Libanius, et il cite le témoignage d’un rabbin qui vivait au quinzième siècle. De pareilles autorités ne peuvent être admises que par un juge très-favorablement prévenu.

  1. Michaelis a donné une explication ingénieuse et assez probable de ce fait singulier que le témoignage positif d’Ammien, contemporain et païen, ne permet guère de révo-