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leurs clameurs séditieuses avaient souvent éveillé l’indolence des magistrats païens. Devenus, sous le règne de Constantin, sujets de leurs enfans révoltés, ils ne tardèrent pas à éprouver toute la dureté de la tyrannie domestique. Les princes chrétiens annulèrent peu à peu les immunités civiles que leur avait accordées ou assurées Sévère, et une émeute imprudente, qui s’éleva parmi ceux de la Palestine[1], sembla justifier les vexations lucratives qu’inventèrent les évêques et les eunuques de la cour de Constance. Le patriarche juif, qui exerçait toujours une juridiction précaire, résidait à Tibérias[2] ; et les autres villes de la Palestine étaient habitées par les restes d’un peuple tendrement attaché à la terre promise. Mais on renouvela l’édit d’Adrien, on lui donna une nouvelle force ; ils virent de loin les murs de la sainte cité profanés à leurs yeux par le triomphe de la croix et la dévotion des chrétiens[3].

    Chron., p. 161, 162, éd. in-fol., Londres, 1672) et Basnage (Hist. des Juifs, t. VIII, p. 120) expliquent comment on jugeait du zèle. Constantin fit une loi pour protéger ceux des Juifs qui embrasseraient le christianisme. (Cod. Théodos., l. XVI, tit. 8, leg. I ; Godefroy, t. VI, p. 215.)

  1. Et interea (durant la guerre civile de Magnence) Judæorum seditio, qui patricium nefarie in regni speciem sustulerunt, oppressa. (Aurelius-Victor, in Constantio, c. 42. Voyez Tillemont, Hist. des emper., t. IV, p. 379, in-4o.)
  2. Reland décrit la ville et la synagogue de Tibérias (Palest., t II, p. 1036-1042), et sa description est curieuse.
  3. Basnage a très-bien éclairci l’état des Juifs sous Constantin et ses successeurs (t. VIII, c. 4, p. 111-153).