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de plus à son amitié, car Julien plaçait les Muses au nombre de ses divinités tutélaires. Les mots de piété et de littérature étaient presque synonymes dans son système de religion[1] ; et une foule de poètes, de rhéteurs et de philosophes se rendaient en hâte à la cour impériale pour y remplir les places des évêques qui avaient séduit la crédulité de Constance. Son successeur estimait plus les liens de l’initiation que ceux de la parenté ; il choisit ses favoris parmi les sages les plus profondément instruits dans les sciences occultes de la magie et de la divination ; et tout imposteur qui avait la prétention de révéler les secrets de l’avenir, était sûr de jouir à l’instant même des honneurs et de la fortune[2]. Entre tous les philosophes, Maxime obtint la première place dans l’amitié de son auguste disciple, qui, au milieu de l’incertitude inquiétante de la guerre civile, lui communiquait sans réserve ses actions, ses sentimens et ses desseins sur la religion[3]. Dès que Julien fut établi dans le palais de Constantinople, il appela auprès de lui Maxime, qui résidait alors à Sardes, ville

  1. Ο δε νομιζων αδελφα λογο‌υς τε και θεων ιερα. (Orat. parent., c. 77, p. 302.) Ce sentiment est souvent reproduit par Julien, Libanius et les autres écrivains de leur parti.
  2. Ammien expose avec franchise la curiosité et la crédulité de Julien, qui essayait toutes les méthodes de l’art de la divination.
  3. Julien (epist. 38). Trois autres lettres où l’on retrouve le même ton de confiance et d’amitié, sont adressées au philosophe Maxime (15, 16, 39).