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réparation et à l’établissement des anciens temples qui avaient souffert, soit, à la longue, des insensibles outrages du temps, soit, récemment, des rapines des chrétiens. Les villes et les familles, excitées par l’exemple, les sollicitations et la libéralité du souverain, reprenaient l’usage des cérémonies qu’elles avaient négligées. « Toutes les parties du monde, s’écrie Libanius avec un pieux transport, étalaient le triomphe de la religion. On jouissait partout de l’agréable coup d’œil des autels où brûlait le feu sacré, des victimes qui versaient leur sang, de la fumée de l’encens, et du cortège pompeux des prêtres et des prophètes désormais sans crainte et à l’abri du danger. La voix de la prière et le son de la musique frappaient les oreilles sur le sommet des plus hautes montagnes, et le même bœuf qu’on offrait aux dieux en holocauste, servait à la table de leurs joyeux adorateurs[1]. »

Réforme du paganisme.

Mais tout le génie et toute la puissance de l’empereur ne suffisaient pas pour rétablir une religion

  1. Le rétablissement du culte païen est décrit par Julien (Misopogon, p. 346) ; par Libanius (orat. parent., c. 60, p. 286, 287 ; et orat. consular. ad Julian., p. 245, 246, éd. Morel.) ; par Ammien (XXII, 12), et par saint Grégoire de Nazianze (orat. 4, p. 121). Ces écrivains s’accordent sur les faits importans, et même sur ceux qui ne le sont pas ; mais leurs diverses manières d’envisager l’extrême dévotion de Julien annoncent les gradations diverses du contentement de l’amour-propre, de l’admiration passionnée, des reproches modérés et des invectives partiales.