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nités inférieures daignent quelquefois animer les statues et habiter les temples élevés en leur honneur ; elles visitent la terre de temps en temps ; mais les cieux sont leur trône et le symbole de leur gloire. Julien tirait, sans hésiter, de l’ordre invariable qu’observent le soleil, la lune et les étoiles, une preuve de leur durée éternelle ; et cette éternité lui démontrait suffisamment qu’ils étaient l’ouvrage, non pas d’une divinité inférieure, mais du roi tout-puissant. Dans la théorie des platoniciens, le monde visible est le type du monde invisible. Les corps célestes, animés de l’esprit divin, peuvent être considérés comme les plus dignes objets du culte religieux. Le soleil, dont l’heureuse chaleur pénètre et soutient l’univers, réclame à juste titre l’adoration du genre humain, comme l’éclatante représentation du logos, image animée, intelligente et bienfaisante du père intellectuel.[1]

Fanatisme des philosophes.

Les puissantes illusions de l’enthousiasme et les artifices décevans de l’imposture suppléent dans tous les siècles au défaut d’une véritable inspiration. Si,

    disposés à prendre au sérieux la plaisanterie d’Aristophane et de Lucien, qu’une génération d’incrédules pourrait affamer les dieux immortels. Voy. les Observations de Spanheim, p. 288, 444, etc.

  1. Ηλιον λεγω, το ζων αγαλμα και εμψυχον, και εννο‌υν, και αγαθοεργον το‌υ νοητο‌υ πατρος. (Julien, epist. 41.) Dans un autre endroit (ad S. Cyrill., l. II, p. 69) il donne au soleil le nom de Dieu, et il l’appelle le trône de Dieu. Il croyait à la Trinité des platoniciens ; et il blâme seulement les chrétiens de préférer le logos mortel à un logos immortel.