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l’Évangile, tandis qu’il faisait le sacrifice volontaire de sa raison sur les autels d’Apollon et de Jupiter. Un de ses discours est consacré à l’honneur de Cybèle, la mère des dieux, qui exigeait de ses prêtres efféminés le sacrifice sanglant que l’insensé Atys ne craignit pas de lui offrir. Le pieux empereur raconte sans rougir, ou sans sourire, le voyage de la déesse des côtes de Pergame à l’embouchure du Tibre ; et ce miracle singulier, qui convainquit le sénat et le peuple de Rome que le morceau d’argile apporté par leurs ambassadeurs était doué de vie, de sentiment et d’une puissance divine[1]. Il en appelle aux monumens publics de la capitale sur la vérité de ce prodige, et il censure avec quelque aigreur le goût faux et dépravé de ces hommes qui ridiculisaient avec irrévérence les traditions sacrées de leurs ancêtres[2].

  1. Cybèle débarqua en Italie vers la fin de la seconde guerre punique. Le miracle de la vestale Claudia, qui prouva sa vertu en portant atteinte à la modestie des dames romaines, est attesté par une foule de témoins. Drakenborch (ad Silium Italicum, XVII, 33) a recueilli leurs témoignages. On peut observer que Tite-Live (XXIX, 14) glisse sur cet événement avec une discrète obscurité.
  2. Je ne puis m’empêcher de transcrire les expressions énergiques de Julien : εμοι δε δοκει ταις πολεσι πιστευειν μαλλον τα τοιαυτα, η τουτοισι τοις κομψοις, ων το ψυχαριον δριμυ μεν, υγιες δε ουδε εν βλεπει. (Orat. 5, p. 161.) Il déclare aussi sa ferme croyance aux ancilia ou boucliers sacrés qui tombèrent du ciel sur le mont Quirinal ; et il a pitié de l’étrange