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lienne et Flaminienne ; et quand il en fut à quarante milles, ce prince, qui n’avait jamais vaincu un ennemi étranger, imita la pompe et tous les attributs d’une marche triomphale ; son brillant cortége était composé de tous les ministres de son luxe ; mais quoiqu’en pleine paix, il était environné des nombreux escadrons de ses gardes et de ses cuirassiers. Leurs étendards de soie, embossés d’or et taillés en forme de dragons, flottaient autour de l’empereur. Constance était assis seul dans un char très-élevé, incrusté d’or et de pierres précieuses. Excepté lorsqu’il baissait la tête pour passer sous la porte des villes, il affectait dans son grave maintien une roideur inflexible qui même lui donnait, pour ainsi dire, l’apparence d’une insensibilité totale. Les eunuques avaient introduit dans le palais impérial la sévère discipline de la jeunesse persane, et l’empereur s’était si bien conformé aux habitudes de patience qui en résultent, que, pendant une marche lente, par une chaleur insupportable, on ne le vit jamais porter ses mains à son visage, ni même tourner les yeux à droite et à gauche. Les magistrats et le sénat de Rome reçurent l’empereur, qui s’occupa, avec beaucoup d’attention, des différentes dignités conférées jadis par la république, et des portraits consulaires des familles distinguées. Les rues étaient bordées d’un peuple immense ; des

    terons seulement que Themistius fut nommé député de Constantinople, et que ce fut à l’occasion de cette cérémonie qu’il composa sa quatrième harangue.