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était fils de Marcellus, le général de cavalerie qui, dans la première campagne contre les Gaulois, avait déserté les drapeaux du César et le parti des Romains. Julien, sans être soupçonné de vouloir venger son injure personnelle, pouvait confondre dans un même châtiment le crime du fils et celui du père. Mais il fut touché de la douleur de Marcellus, et l’empereur tâcha d’adoucir, par ses libéralités, la blessure que le général avait reçue par la main sévère de la justice[1].

Son penchant pour la liberté et pour la république.

Julien n’était point insensible aux avantages de la liberté publique[2]. Il s’était imbu, dans ses études, de l’esprit des sages et des héros : sa fortune et sa vie avaient dépendu long-temps du caprice d’un tyran ; et quand il monta sur le trône, son orgueil souffrit souvent, en réfléchissant que des esclaves qui n’osaient pas blâmer ses défauts, n’étaient pas dignes d’applaudir à ses vertus[3]. Il abhorrait le système de despotisme oriental, que Dioclétien, Constantin et les patientes habitudes de quatre-vingts années

  1. Le récit de la clémence de Julien et de la conspiration qui fut formée contre sa vie, se trouve dans Ammien, l. XXII, 9, 10 ; et Valois, ad loc. ; Libanius, orat. parental., c. 99, p. 323.
  2. Selon quelques-uns, dit Aristote, cité par Julien et Themistius, p. 261, la forme d’un gouvernement absolu, παμβασιλεια, est contraire à la nature. Cependant le prince et le philosophe ont jugé à propos d’envelopper adroitement cette vérité éternelle d’une profonde obscurité.
  3. Ce noble sentiment est rapporté presque dans les termes employés par Julien lui-même. Ammien, XXII, 10.