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marche indiscrète du trésorier fut la cause de sa mort et lui servit d’excuse. L’empereur, profondément tourmenté par ses propres remords et par les reproches du public, offrit quelques consolations à la famille d’Ursule, en lui restituant sa fortune. Avant la fin de l’année dans laquelle ils avaient obtenu les honneurs de la préfecture et du consulat[1], Taurus et Florentius se virent réduits à implorer la clémence de l’inexorable tribunal de Chalcédoine, qui bannit le premier à Vercelles en Italie, et porta contre l’autre une sentence de mort. Un prince sage aurait récompensé le crime que l’on reprochait à Taurus : ce fidèle ministre, ne pouvant plus résister aux forces d’un rebelle, s’était réfugié à la cour de son bienfaiteur, de son légitime souverain. Mais Florentius méritait toute la sévérité de ses juges, et sa fuite fournit à Julien l’occasion de montrer sa générosité, en imposant silence au zèle intéressé d’un délateur qui voulait lui indiquer la retraite de ce misérable fugitif[2]. Quelques mois après la suppression du redoutable tribunal de Chalcédoine, le substitut du préteur d’Afrique, le magistrat Gaudentius et Artemius[3], duc d’Égypte, furent exécutés

  1. On respectait encore à tel point les noms vénérables et les dignités de la république, que le peuple fut surpris et indigné de voir dénoncer Taurus comme criminel sous le consulat de Taurus. On différa probablement jusqu’au commencement de l’année suivante le procès de son collègue.
  2. Ammien, XX, 7.
  3. Relativement aux crimes et à la punition d’Artemius,