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jonction si habilement combinées[1] par le souverain.

Les craintes ou l’inclination des peuples étendirent l’autorité de Julien bien au-delà de ses conquêtes militaires[2]. Taurus et Florentius gouvernaient les préfectures d’Italie et d’Illyrie, et joignaient cet important office au vain titre de consuls. Ces magistrats s’étaient retirés précipitamment à la cour d’Asie ; et Julien, qui ne pouvait pas toujours contenir son penchant à la raillerie, couvrit les consuls de ridicule en ajoutant à leur nom, dans tous les actes de l’année, l’épithète de fugitif. Les provinces qu’ils avaient abandonnées reconnurent pour leur empereur un prince qui, unissant les qualités d’un soldat à celles d’un philosophe, se faisait également admirer dans les camps sur le Danube et dans les académies de la Grèce. De son palais, ou pour mieux dire, de son quartier général de Sirmium et de Naissus, il fit distribuer dans les principales villes de l’empire, une adroite apologie de sa conduite, dans laquelle il eut soin d’insérer les dépêches secrètes de Constance, et de soumettre au jugement du public le choix de deux princes, dont l’un chassait les Barbares, tandis que l’autre les appelait[3]. Julien, pro-

  1. Quels que soient les détails que nous tirons d’autres auteurs, nous suivons, pour le fond du récit, Ammien, XXI, 8, 9, 10.
  2. Ammien, XXI, 9, 10 ; Libanius, orat. parental., c. 54, p. 279, 280 ; Zosime, l. III, p. 156, 157.
  3. Julien (ad S. P. Q. Athen., p. 286) assure positive-