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arien, et particulièrement de Macédonius, à perdre les priviléges d’ecclésiastiques et les droits de chrétiens. On les chassa de leurs églises, et on leur défendit sévèrement de s’assembler dans la ville. Le soin de faire exécuter cette loi injuste dans la Thrace et dans l’Asie-Mineure, fut confié au zèle de Macédonius. Les ministres de la puissance civile et militaire eurent ordre de lui obéir, et les horribles cruautés que ce tyran semi-arien exerça sous le prétexte de soutenir la foi homoiousienne, déshonorèrent le règne de Constance dont elles dépassèrent les ordres. On administrait de force les sacremens à ceux qui s’en défendaient, et qui abhorraient les principes de Macédonius. On arrachait les femmes et les enfans des bras de leurs parens et de leurs amis, pour leur conférer le baptême. On tenait la bouche ouverte aux communians avec des bâillons, et on leur enfonçait le pain consacré dans le gosier. On brûlait le sein des jeunes vierges avec des coquilles d’œufs rougies au feu, ou bien on le serrait inhumainement entre deux planches aiguës et pesantes[1]. Le ferme attachement des novatiens de Constantinople et des environs pour la doctrine homoousienne, leur mé-

  1. Socrate, l. II, c. 27, 38 ; Sozomène, l. IV, c. 21. Macédonius eut pour principaux aides, dans les travaux de la persécution, les deux évêques de Nicomédie et de Cyzique, dont on estimait généralement les vertus, et surtout la charité. Je ne puis m’empêcher de rappeler au lecteur que la différence de l’homoousion à l’homoiousion est presque imperceptible, même aux yeux de la plus fine théologie.