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lippe, un des principaux ministres de Constance[1]. La première fois que le sang coula dans la nouvelle capitale, ce fut pour des démêlés ecclésiastiques ; et un grand nombre de citoyens des deux partis perdirent la vie dans des émeutes violentes et opiniâtres. Hermogènes, maître général de la cavalerie, avait été chargé de mettre à exécution la sentence qui condamnait Paul au bannissement ; cette commission lui devint fatale. Les catholiques accoururent à la défense de leur évêque ; ils réduisirent en cendres le palais d’Hermogènes, traînèrent par les talons ce premier officier militaire de l’empire dans toutes les rues de Constantinople ; et, lorsqu’il eut perdu la vie, son corps inanimé demeura exposé à tous les outrages d’une populace en fureur[2]. Le malheur d’Hermogènes servit de leçon à Philippe, préfet du prétoire, et lui apprit à se conduire avec plus de circonspection dans la même entreprise. Il fit demander à Paul, dans les termes les plus honorables, une entrevue amicale dans les bains de Zeuxippe, qui

  1. Saint Athanase (t. I, p. 703, 813, 814) affirme que Paul fut assassiné, et en appelle non-seulement à l’opinion publique, mais au témoignage irrécusable de Philagre, un des persécuteurs ariens. Cependant il avoue que les hérétiques prétendirent que l’évêque de Constantinople était mort de maladie. Socrate (l. II, c. 26) copie servilement saint Athanase ; mais Sozomène, d’un esprit plus indépendant (l. IV, c. 2), ose laisser percer quelques doutes.
  2. Ammien (XIV, 10) nous renvoie à son propre récit de cet événement tragique ; mais nous n’avons plus cette partie de son histoire.