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fane. Au bout de deux ans, cette pieuse obstination subsistait encore dans toute sa force ; et lorsque Constance visita Rome, les sollicitations du peuple l’assaillirent de tous côtés. Les Romains conservaient encore, pour tout reste de leur ancienne liberté, le droit de traiter avec leurs empereurs dans les termes d’une familiarité insolente. Les femmes d’un grand nombre de sénateurs et de citoyens distingués, après avoir pressé leurs maris d’intercéder en faveur de Liberius, pensèrent que cette commission serait moins dangereuse entre leurs mains, et peut-être mieux accueillie de leur part. Constance reçut avec politesse ces députés femelles, dont les habits et la parure magnifiques attestaient le rang et l’opulence. Il fut frappé de la ferme résolution qu’elles annoncèrent de suivre leur vénérable pasteur jusqu’à l’extrémité de la terre, et il consentit que les deux évêques, Liberius et Félix, gouvernassent en paix chacun leur congrégation. Mais des idées de tolérance étaient si opposées à la pratique et même aux inclinations de ces temps, que lorsqu’on lut publiquement la réponse de Constance dans le cirque de Rome, ce projet d’accommodement raisonnable n’excita que le mépris, et fut rejeté unanimement. Cette véhémence de passion qu’avaient coutume de manifester, au moment décisif, les spectateurs d’une course de chevaux, se trouvait maintenant dirigée vers des objets bien différens. Le cirque retentit des cris répétés de : « Un Dieu, un Christ, un évêque. » Le zèle du peuple romain pour la cause