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faible et corrompu, le bourreau de sa famille, le tyran de la république, et l’antechrist de l’Église. Au faîte de la prospérité, le monarque victorieux, qui avait puni l’audace de Gallus et éteint la révolte de Sylvanus, qui avait arraché le diadème du front de Vétranio et vaincu en bataille rangée la formidable armée de Magnence, recevait d’une main invisible des blessures qu’il ne pouvait ni guérir ni venger ; et le fils de Constantin fut le premier des princes chrétiens qui éprouvât la force de ces principes qui, en matière de religion, résistent aux plus puissans efforts de l’autorité civile[1].

Évêques ariens.

La persécution de saint Athanase et de tant d’évêques respectables qui ont souffert pour la cause de la vérité, ou du moins pour les sentimens de leur conscience, enflammait de colère et d’indignation tous les chrétiens qui n’étaient pas aveuglément dévoués à la faction de l’arianisme. Les fidèles regrettaient la perte de leurs saints pasteurs, dont le bannissement était ordinairement suivi de l’intrusion d’un étranger dans la chaire pontificale[2]. Ils se plai-

  1. L’Épître de saint Athanase aux moines est remplie de reproches dont le public doit sentir la vérité (vol. I, p. 834-856) ; et, par égard pour ses lecteurs, il se sert de la comparaison de Pharaon, d’Achab et de Belshassar, etc. La hardiesse de saint Hilaire l’exposait à moins de dangers, s’il est vrai qu’il publia ses invectives dans la Gaule, après la révolte de Julien ; mais Lucifer envoya ses libelles à Constance, et semblait rechercher l’honneur du martyre. Voyez Tillemont, t. VII, p. 905.
  2. Saint Athanase (t. I, p. 811) blâme en général cette