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du commandement, ou suivre les voies de l’insinuation, combien de temps il pouvait combattre l’autorité, et quand il était prudent de fuir la persécution. Tandis qu’il dirigeait les foudres de l’Église contre l’hérésie et la rebellion, il conservait au milieu des siens la douceur indulgente et flexible d’un prudent chef de parti. L’élection d’Athanase n’a point échappé aux reproches de précipitation et d’irrégularité[1] ; mais la décence de sa conduite le rendit cher au peuple et au clergé. Les habitans d’Alexandrie voulaient prendre les armes pour la défense de leur éloquent et généreux prélat. L’attachement invariable de son clergé lui servit de soutien ou du moins de consolation dans ses malheurs, et les cent évêques de l’Égypte défendirent toujours sa cause avec intrépidité. Ainsi qu’auraient pu le lui prescrire l’orgueil et la politique, Athanase visitait son diocèse, depuis les bouches du Nil jusqu’aux confins de l’Éthiopie : il conversait familièrement avec les derniers du peuple, et saluait avec humilité les ermites et les saints du désert[2] ; ce n’était pas seu-

  1. Dans les conciles tenus contre saint Athanase, on relève légèrement l’irrégularité de son ordination. Voyez Philostorgius, l. II, c. 11 ; et Godefroy, p. 71. Mais on ne peut guère supposer que l’assemblée des évêques de l’Égypte ait attesté solennellement une fausseté reconnue. (Saint Athan., t. I, p. 726.)
  2. Voyez l’Histoire des Pères du Désert, publiée par Rosweide ; et Tillemont (Mém. ecclés., t. VII), dans les vies de saint Antoine, saint Pachome, etc. Saint Athanase lui--