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Conciles ariens.

Le sentiment d’un judicieux étranger qui a considéré impartialement les progrès de la discorde civile et religieuse, mérite ici notre attention. Quelques lignes d’Ammien, qui servait dans les armées de Constance, et qui avait étudié le caractère de l’empereur, nous instruiront plus que des pages d’invectives scolastiques. « Constance, dit cet historien modéré, a défiguré, par les rêveries de la superstition, la religion chrétienne, qui, en elle-même, est claire et simple. Au lieu d’employer son autorité à réconcilier les deux partis, il a encouragé et propagé, par des disputes de mots, les différends qu’avait excités sa vaine curiosité. Les grands chemins étaient constamment couverts d’une troupe d’évêques qui galopaient d’une province à une autre, pour se rendre à des assemblées qu’on appelle synodes, et ces orgueilleux prélats épuisaient l’établissement des postes par les courses rapides et multipliées qu’ils faisaient pour réduire toute la secte à leur opinion particulière[1]. » La connaissance détachée que nous avons

    la Chronique d’Alexandrie, par Cedrenus et par Nicéphore. Voyez Godefroy, Dissertat., p. 188. Ils ne pouvaient pas refuser un miracle même de la main d’un ennemi.

  1. Un passage si curieux mérite d’être transcrit. Christianam religionem absolutam et simplicem, anili superstitione confundens ; in quâ scrutendâ perplexius, quàm componendâ gravius excitaret dissidia plurima ; quæ progressa fusius aluit concertatione verborum, ut catervis antistitum jumentis publicis ultrò citròque discurrentibus, per synodos, quas appellant, dum ritum omnem ad suum trahere conan-