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logien, et enfin l’apôtre d’une nouvelle Église qui se multiplia par l’habileté de son disciple Eunomius[1]. Armé des textes de la sainte Écriture et des syllogismes captieux de la logique d’Aristote, le subtil Ætius avait acquis la réputation d’un argumentateur invincible, qu’il était impossible de convaincre ou d’embarrasser. Ce talent lui valut l’amitié des évêques ariens ; mais ils furent obligés d’abandonner et même de persécuter un allié dangereux, dont les argumens adroits et serrés rendaient leur cause odieuse au peuple et offensaient les plus dévots de leurs prosélytes. 2o. La toute-puissance du Créateur suggéra l’idée spécieuse et respectueuse de parité entre le père et le fils, et la foi devait adopter humblement ce que la raison ne pouvait se dispenser d’admettre, qu’un Dieu suprême avait sans doute la puissance de communiquer ses perfections infinies, et de créer un être semblable à lui[2]. Les ariens étaient puissamment soutenus par l’autorité et les talens de leurs chefs qui avaient remplacé Eusèbe, et qui occupaient

  1. Au jugement d’un homme qui faisait cas de ces deux sectaires, Ætius avait une tête plus forte, et Eunome plus d’art et d’érudition (Philostorg., l. VIII, c. 18). La Confession et l’Apologie d’Eunome est du très-petit nombre des ouvrages hérétiques qui ont échappé. (Fabricius, Biblioth. græc., t. VIII, p. 258-305.)
  2. Cependant, selon Estius et Bull, il y a un pouvoir, celui de la création, que Dieu ne peut communiquer à une créature. Estius, qui fixe si hardiment les limites de la toute-puissance, était Hollandais de naissance et théologien de son métier. (Dupin, Bibl. ecclés., t. XVII, p. 45.)