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Révélé par l’apôtre saint Jean. A. D. 97.

L’éloquence de Platon, le nom de Salomon, l’autorité de l’école d’Alexandrie, le consentement des Juifs et des Grecs, ne suffisaient point pour établir la vérité d’une doctrine mystérieuse qui séduisait l’esprit, mais qui révoltait la raison. Un apôtre ou un prophète inspiré par la Divinité, pouvait seul exercer un empire légitime sur la foi du genre humain ; et la Théologie de Platon aurait toujours été confondue avec les visions philosophiques de l’académie, du portique et du lycée, si le nom et les attributs divins du logos n’avaient pas été confirmés par la plume céleste du dernier[1] et du plus sublime des évangélistes[2]. Sous le règne de Nerva, la ré-

  1. Les platoniciens admiraient le commencement de l’Évangile de saint Jean, comme contenant une imitation exacte de leurs principes. (Saint Augustin, De Civit. Dei, X, 29 ; Amelius apud Cyril., advers. Julian., l. VIII, p. 283.) Mais dans les troisième et quatrième siècles, les Platoniciens d’Alexandrie ont pu perfectionner leur Trinité par l’étude de la théologie chrétienne.
  2. Une courte discussion sur le sens dans lequel saint Jean a pris le mot logos, prouvera qu’il ne l’a point emprunté de la philosophie de Platon.
    L’évangéliste se sert de ce mot sans explication préalable, comme d’un terme que ses contemporains connaissaient déjà et devaient comprendre. Pour savoir le sens qu’il lui prête, il faut donc chercher quel était celui qu’on lui prêtait de son temps : on en trouve deux ; l’un était attaché au mot logos par les Juifs de la Palestine ; l’autre par l’école d’Alexandrie, spécialement par Philon. Les Juifs avaient craint de tout temps de prononcer le nom même de Jehovah ; ils avaient contracté l’habitude de désigner Dieu par quel-